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À l’égard du plus petit

Alors que nous révélons une enquête sur le triste sort des rongeurs de laboratoire, il est sournois d’entendre parfois au loin le soupir moqueur qui balaie d’un revers méprisant le problème en le ponctuant de cette petite phrase assassine : ce ne sont que des souris.

Oui, en effet, là est bien leur malheur, et la cause de toutes leurs souffrances : de n’être considérées que comme des souris, et non pas comme des êtres qui sentent et ressentent, éprouvent ou endurent la douleur, tout autant que nous. Que vient faire la taille de l’animal dans cette histoire ?
Car il est uniquement question de physionomie et de petitesse, pour justifier la cruauté. Ne serait-il pas logique de supposer alors que l’éléphant ou la girafe seraient en droit de dire à notre égard que nous ne sommes que des humains ? Ne serait-il pas envisageable de transposer ce discours à la baleine ou au rhinocéros, qui sont en droit de juger notre taille dérisoire ? Non, car voyez-vous, en matière d’arguments, l’homme est ainsi fait qu’il ne suit pas la logique dès lors qu’elle est en sa défaveur et n’utilise ses justifications à faire souffrir autrui que quand elles sont en sa faveur.

À l’égard du plus petit, du plus vulnérable, nous devrions justement faire preuve d’autant plus d’empathie et de protection. J’ai honte de ce sur quoi peut reposer le manque de considération, voire d’empathie, envers ceux qui sont à notre merci. Alors, face à l’injustice et l’injustifiable, et à tous ceux qui peuvent penser que ce ne sont que des souris dont il s’agit, j’ai bien peur qu’il n’y ait d’autres réponses que de leur dire : et vous, vous n’êtes que des idiots.

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