Enquête  sur le transport aérien des animaux à destination des laboratoires

Cette enquête a participé, conjointement à l’insistance collective des associations de protection animale, à ce qu’Air France renonce au transport des singes de laboratoire.

Enquête sur le transport aérien des animaux à destination des laboratoires

Animal Testing a pour but la dénonciation de la souffrance des animaux de laboratoire.

À l’occasion de la Journée mondiale des animaux de laboratoire, qui se tient le 24 avril, nous publions le travail issu d’une infiltration inédite au sein de l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle.

Après avoir révélé la condition des chiens utilisés dans des expériences financées par l’AFM-Téléthon, celles de singes utilisés dans le sous-sol d’un hôpital parisien, et le témoignage d’un lanceur d’alerte de laboratoire sur la maltraitance de rongeurs, notre association Animal Testing, spécialisée dans les enquêtes sur l’expérimentation animale, s’est intéressée au transport des animaux vers les laboratoires.

Nous demandons à Air France, l’un des rares transporteurs aériens des animaux de laboratoire, de cesser cette activité.

Contrairement à une opinion répandue, la souffrance des animaux de laboratoire ne se limite malheureusement pas aux expériences et commence bien en amont, lorsque que les animaux sont acheminés depuis leurs élevages de production vers les laboratoires. Nous voulions donc enquêter sur les conditions de transport des animaux de laboratoire.


Animal Testing a réussi à infiltrer le service vétérinaire de l’aéroport de Roissy
, chargé de réceptionner les animaux à destination des laboratoires. Tout le transit des animaux de laboratoire se fait exclusivement à l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle. Nous avons aussi eu accès aux documents vétérinaires commun d’entrée (DVCE) nous permettant de connaître les lieux de provenance, les importateurs, et les lieux de destination des animaux.

Grâce à notre infiltration, nous avons pu obtenir des photos des animaux pendant leur transit à l’aéroport.

Compte tenu des difficultés d’accès à de telles images, nous avons attendu avant leur publication, pour garantir l’anonymat et la protection de la personne infiltrée qui nous les a transmises. Nous espérons que vous comprendrez les précautions que cela impose. Ni les conditions légales ni les conditions pratiques n’ont changé depuis ces photos.

Cette infiltration nous permet de témoigner de plusieurs aspects :

  • Le transport s’avère particulièrement long pour ces animaux. La France n’est parfois qu’une escale avant leur expédition vers d’autres pays, comme en atteste le coffre provenant de l’Ile Maurice et à destination du laboratoire Charles River, à Houston aux États-Unis. La plupart des destinations sont situées en Europe ou aux États-Unis.
  • Les singes proviennent de l’Ile Maurice, du Vietnam et de la Chine, et sont destinés à de grands laboratoires (Charles River, Envigo, Covance) aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne ou à des centres comme le Silabe (Strasbourg), le CEA (Fontenay-aux-Roses) ou le Citoxlab (Evreux).
  • Les singes sont tous transportés par la compagnie Air France.
  • Malgré le respect de la légalité, celle-ci ne garantit pas le bien-être des animaux, comme en atteste la découverte d’un primate mort pendant le transport.
  • Air France est le transporteur français aérien des animaux vers les laboratoires et continue toujours cette activité.
  • Des poissons, des reptiles et des chevaux sont également envoyés vers les laboratoires. Les conditions de transport sont particulièrement difficiles pour eux aussi, comme on le constate sur les photos : peu d’eau pour les poissons, de petites boites pour les serpents, et des chevaux qui se blessent du fait de leur promiscuité et de leur anxiété.

La longueur du transport pour ces animaux, enfermés dans des cages, dans des sacs ou dans des boîtes, constitue en outre un stress énorme pour eux.

Surtout, ces éléments nous permettent de prendre conscience que les transporteurs aériens des animaux de laboratoire font intégralement partie du système de l’expérimentation animale : ils en sont les acteurs nécessaires et l’exportation des animaux de laboratoire représente une activité lucrative pour eux.

Nous demandons, de nouveau, et à la lumière de ces images, à Air France de cesser le transport des animaux vers les laboratoires. Cette activité, en outre, nuit gravement à l’image de cette compagnie.  

L’association Animal Testing 

Animal Testing est une jeune association qui poursuit des enquêtes sur l’expérimentation animale en France. Témoignages, documents, infiltrations, images, protocoles, lobbying auprès des politiques : nous sommes tous bénévoles et souhaitons la transparence sur la condition des animaux de laboratoire.

À l’heure où le bureau de l’expérimentation animale (le Gircor) tente de véhiculer une image lisse de ses pratiques (cf « les scientifiques ne torturent pas les animaux », Le Point, 7/09/2017) où les animaux seraient bien traités, nous constatons tout l’inverse. Chacune de nos enquêtes a été massivement relayée, en France comme à l’étranger et le bureau de l’expérimentation, qui se plaint de ne pas être assez entendu dans les médias (Libération, 30/11/2017), n’a jamais souhaité nous répondre à chaque fois qu’il a été contacté suite à nos enquêtes.

Nous insistons sur le fait que nous ne nous opposons pas à la recherche mais à la souffrance des animaux et souhaitons la transparence sur celle-ci et l’amélioration de la législation.

Facebook
Twitter