Métro de Paris :
Montrons les animaux de laboratoire !
Une campagne inédite pour sensibiliser et pour soutenir l’Initiative citoyenne européenne
C’est une première. Animal Testing a pu afficher les animaux de laboratoire dans le métro parisien, pendant 10 jours, du 22 octobre au 1er novembre.
Un projet de longue haleine… qui a failli ne pas aboutir (voir notre encart).
Le but est double : dénoncer les expériences sur les animaux qui ont lieu, et mobiliser aussi le grand public autour de l’initiative citoyenne européenne (ICE) sur les cosmétiques, qui est actuellement en cours.
Qu’est-ce-que c’est ? On vous explique tout !
Montrer sans choquer
Difficile de parler des animaux de laboratoire : le sujet fait peur, personne n’a vraiment envie de savoir en quoi consistent ces expériences, et les illustrations (images, vidéos) s’avèrent souvent choquantes.
Lorsqu’on parle des expériences sur les animaux, notre premier travail est d’inciter chacun à se renseigner, à voir nos enquêtes, à lire nos articles et à comprendre ce sujet. Comment représenter les animaux de laboratoire sans heurter ? Dire sans montrer, mais sans atténuer la réalité ?
Cette campagne, réalisée par l’agence de publicité indépendante et engagée Banlieue Ouest, a misé sur une prise de parole forte à l’adresse d’un public décisif pour aujourd’hui et pour demain : celui qui suit beaucoup les médias sociaux, les influenceurs et autres blogs…
Un public plus jeune, curieux, très connecté et bien souvent engagé pour des causes ou des idées.
Au travers des stands et des conférences que nous menons, nous remarquons que nombreux sont ceux qui ignorent tout des expériences sur les animaux, certains pensant même qu’elles n’existent plus. Cette campagne a donc pour premier objectif d’interpeler et d’inviter les usagers du métro parisien à jeter un œil à nos enquêtes.
La régie publicitaire du métro parisien doit obtenir l’accord de l’ARPP (Autorité de régulation professionnelle de la publicité). Les animaux de laboratoire ne doivent pas choquer, ce que l’on comprend bien évidemment.
Les enfants faisant aussi partie des voyageurs, il nous était impossible de montrer la détresse, les blessures, ou même des situations anxiogènes. Cages, seringues, chaises de contention étaient inenvisageables.
Mais nous ne voulions pas tomber dans le travers qui minimise la réalité des expériences ou donne l’impression que les animaux vont bien.
Des animaux maquillés, faisant référence implicitement à toutes les expériences de toxicologie qui ont lieu (et pour différents domaines), et ayant l’air apeuré ou contrit, interpellent ainsi et marquent les esprits.
Le « crash test », en référence aux essais de produits faits par les blogueurs ou youtubeurs, renvoie aussi à la violence de ces animaux utilisés comme du matériel de laboratoire.
Signer l’initiative citoyenne européenne :
De quoi s’agit-il ?
Depuis fin août, une Initiative citoyenne européenne (ICE) est en cours pour interdire strictement les expériences sur les animaux dans le cadre des produits cosmétiques. N’était-ce pas interdit, vous dites-vous ?
En effet, malgré le règlement européen de 2009 sur les cosmétiques, qui visait l’interdiction des expériences sur les animaux pour ces produits, de nombreuses exceptions ainsi que des récentes décisions de la Cour d’Appel de l’ECHA, ont pour effet de permettre encore les expériences sur les animaux pour des ingrédients ou des substances.
Sans parler des substances qui ne sont pas uniquement à usage cosmétiques (mais que l’on retrouve dans les produits) et qui, elles, ne sont pas concernées par l’interdiction (Lisez notre article ici écrit le magazine Savoir Animal).
Pour éviter que ce règlement européen sur les cosmétiques ne devienne une passoire à exceptions, une ICE est en cours : c’est un processus validé par la commission européenne qui doit recueillir un certain seuil de signatures par pays.
La France n’est qu’à la moitié : on compte sur vous
Animal Testing : qui est-on ? Que fait-on ?
Notre association est la seule association en France dédiée aux enquêtes sur les animaux de laboratoires.
À raison d’une enquête par an, nous nous intéressons à toutes les espèces et tous les aspects des expériences sur les animaux, au-delà des seules expériences (élevage, transports, conditions de vie, mises à mort).
Chiens, singes, chats, souris, lapins : retrouvez toutes nos enquêtes ici.
Nous voulons accélérer la fin des expériences sur les animaux, laquelle est une volonté politique européenne, qui a été réaffirmée récemment au Parlement européen et dans laquelle nous sommes impliqués.
Alerter, dénoncer, mais aussi informer les citoyens, et faire respecter la législation en vigueur (ce qui est loin d’être le cas, comme le prouve notre dernière enquête sur les lapins).
Enquêtes, mais aussi conférences, stands, réunions politiques, visibilité des animaux de laboratoire : nous réalisons tout cela avec beaucoup de temps mais très peu de moyens.
Si vous aussi, vous êtes sensible au sort de ces animaux, soutenez-nous.
Soutenez-nous
Pour que nos enquêtes continuent, soutenez Animal Testing : nous sommes tous bénévoles et n’avons pas les moyens de ceux que nous dénonçons.
Les coulisses de cette campagne :
un projet de longue haleine
Avril 2020. L’association Animal Testing réfléchit à mettre en œuvre, pour l’automne, une campagne pour sensibiliser le grand public aux expériences sur les animaux.
Nous échangeons avec la régie publicitaire Média Transports.
Problème : une campagne d’affichage dans le métro représente alors la moitié de nos fonds, sans inclure le coût d’impression des affiches ni celui d’une agence de communication pour les visuels…
Nous renonçons alors à ce projet pour le moment, faute de moyens
Mars 2021. Un an plus tard, l’agence Banlieue Ouest nous contacte spontanément pour nous proposer… une campagne ! La cible, le message et l’esthétique sont exactement ceux que nous souhaitions. Nous sommes extrêmement enthousiastes à l’idée que ce projet se concrétise.
Mais maintenant que nous avons l’agence, reste à trouver le financement pour l’affichage dans le métro. Nous sommes alors en pleine préparation d’une nouvelle enquête pour avril (voir ici), et décidons de nous en occuper après celle-ci.
Juin 2021. Animal Testing sollicite l’aide de Lush, marque engagée pour les animaux, et qui nous a déjà aidé.
Nous soumettons alors tous les détails du projet.
Septembre 2021. Excellente nouvelle : nous obtenons le financement de notre campagne par Lush, ce qui nous permet de commencer le travail de modifications des premiers visuels.
Très rapidement, Banlieue Ouest nous soumet une deuxième proposition que l’on envoie le 23 septembre à Média Transport.
La campagne est alors prévue pour un affichage le 19 octobre. Mais les jours passent, et nous n’avons aucun retour du service juridique, malgré nos relances. Or, nous savions combien les validations de campagne sur la cause animale pouvaient être compliquées (exemple de L214 ici).
13 octobre 2021. À 5 jours du lancement, nous apprenons que notre campagne est refusée. En cause : le fait que celle-ci vise uniquement les cosmétiques dans son message. Nous avons alors 24h pour réfléchir et soumettre de nouveaux visuels !
Ce que nous faisons, en argumentant et expliquant les changements effectués. Nous savons alors que la date initiale de départ n’est pas conservée, et sera reportée à cause du délai d’impression. Nous croisons les doigts pendant 5 jours.
18 octobre 2021. Et notre campagne est validée ! Maintenant vous comprenez pourquoi ce projet ne fut pas facile, et combien il nous tient à cœur.
Nous dédions cette campagne à tous les animaux de laboratoire qui souffrent en ce moment, parfois près de chez vous, mais que vous ne verrez jamais.