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Contenir la haine

Ce n’est pas chose aisée que de défendre des animaux d’une violence millénaire, ancrée et justifiée par des coutumes et des manières de les considérer, qui renvoie systématiquement à un simple : il en a toujours été ainsi. Mais l’on oublie alors que cette violence sert bien des intérêts, et qu’il est alors encore plus compliqué de s’y opposer.
En refusant la violence faite aux animaux, et quelle que soit sa justification, une autre violence, plus pernicieuse, plus insidieuse, surgit soudain. Celle qui oppose les hommes entre eux et provoque la haine. Il y a ceux qui, à force de voir les horreurs que l’homme fait subir aux bêtes, en viennent à mépriser l’être humain ou à le détester. Par un esprit de vengeance, ceux-là souhaiteraient voir les hommes à la place des bêtes et punir les coupables par une loi du talion.
Aux premières loges de la lutte contre la vivisection, nous assistons souvent à des déferlements de commentaires haineux envers l’être humain, de la part de ceux qui pensent qu’il ne mérite pas mieux que d’endurer ce qu’il fait subir.


Cellini – L’umanita contro il male (L’humanité contre le mal), marbre, 1908.

En réaction au mouvement animaliste, surviennent alors ceux qui s’en prennent aux défenseurs des animaux, et les altercations verbales se transforment alors en agressions physiques. Combien de manifestations contre la corrida ou les cirques se sont transformées en coups et blessures ?
La violence contre laquelle nous luttons provoque en retour plus que de la violence : de la haine. Ce n’est pas rendre justice que de l’alimenter, et nous la refuserons toujours. Ce n’est pas là un manque de radicalité. Aussi profonde soit notre tristesse, lorsque nous découvrons, un peu plus chaque jour, le sort réservé aux bêtes, rien ne saurait justifier que nous attaquions l’être humain. De la même manière que vouloir la fin de toute expérimentation animale n’attaque pas les malades, vouloir la fin de la cruauté que les animaux subissent n’a pas à attaquer l’humain.
Nous nous efforçons, chaque jour, de montrer ce qui a lieu et de dénoncer la souffrance des bêtes, mais aussi, et cela est bien plus compliqué, de contenir la haine. C’est une façon, peut-être moins visible mais non moins certaine, de lutter contre le mal. Ce que, justement, les animaux ne peuvent pas faire.

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