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Covid-19 : quelles leçons à propos de l’expérimentation animale ?

Cette crise sanitaire inédite force les chercheurs à déployer des efforts inédits eux-aussi dans la recherche d’un vaccin. Quid de l’expérimentation animale dans ce contexte ? Peut-on s’opposer décemment à l’expérimentation animale alors qu’une pandémie fait des ravages ?

Nous entendons nos détracteurs mettre en avant le fait que, dans un tel cas, notre association devrait se taire, faire profil bas même. Alors justement : affrontons le sujet, aussi délicat soit-il.

Le covid-19 est pour nous l’occasion de rappeler (et nous le martelons sans cesse) que bien des expériences sur les animaux pourraient être supprimées sans nuire à la recherche (expériences redondantes, inutiles, faites dans un but commercial, etc). Justement, la recherche d’un vaccin dans un contexte de pandémie fait partie des situations où l’expérimentation animale est jugée primordiale.

C’est ici que nous souhaitons apporter deux précisions majeures :
1/ d’abord le fait que le modèle animal n’EST PAS le modèle humain et que son imperfection nécessite des manipulations génétiques pour parvenir à créer des modèles animaux plus proches du modèle humain. C’est pourquoi des laboratoires privés sont chargés de ces créations d’animaux génétiquement modifiés. C’est le cas pour la recherche sur le covid-19 : les souris ordinaires ne conviennent pas. Il faut un modèle bien particulier de souris… dont le stock est actuellement épuisé et qui, de fait, retarde la recherche.
Autrement dit : cette crise sanitaire souligne aussi les limites du modèle animal. Et celle du marché.

2/ Oui, car le principal laboratoire producteur de ces souris spécifiques (modèle nommé ACE2) est le Jackson laboratory (https://www.jax.org/) : dès lors la relation de dépendance entre un tel acteur privé et la santé publique pose un réel problème.

Page d’accueil du site web du laboratoire Jackson Laboratory mettant en avant son implication pour vaincre la pandémie.

3/ En conséquence, pour éviter de perdre un temps précieux, certaines recherches ont lieu directement sur l’humain. Quels sont les risques de ces recherches, alors que la maladie met déjà les patients en danger de mort ? Nous l’ignorons, mais, l’efficacité et le gain de temps sont ici privilégiés.

Pour conclure : il serait facile de faire un raccourci « recherche animale = vaccin » alors que la situation actuelle montre non seulement que le modèle animal est imparfait, et que son amélioration dépend étroitement de la capacité de production de certains acteurs privés. Ce qui n’est pas sans problème.

Dans une situation aussi grave que la nôtre, faire reposer l’intégralité de la recherche sur le modèle animal montre donc aussi les limites de celui-ci. Évitons donc les raccourcis car cette crise souligne aussi les faiblesses d’un modèle de recherche basé sur l’animal, et le frein qu’il peut aussi représenter.
Enfin, de nouveau, nous le redisons, notre association ne s’oppose pas à la recherche.

À lire : https://www.bloomberg.com/news/articles/2020-03-11/a-coronavirus-cure-depends-on-rare-mice-but-there-aren-t-enough

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